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Sur la route de Nagua |
En
ce début de mois de janvier et en attendant l'ouverture officielle
de la saison des baleines dans la baie de Samaná, j'ai décidé
de partir quelques jours en road trip, à la découverte d'une petite portion de la
côte nord de la République dominicaine autour de Cabrera
et Río San Juan.
La côte qui relie Nagua à Cabarete en passant par Río San Juan, Playa Grande, La Entrada, recèle de points d'intérêt
Une
route que l'on parcourt généralement d'une traite pour arriver plus
vite depuis Puerto Plata par exemple jusqu'au bout de la péninsule. Ce qui est bien dommage car elle
révèle de nombreux points d'intérêts qui ne figurent pas sur les
guides touristiques.
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Cabrera ! |
Figurez-vous
que
j'ai parcouru cet itinéraire qui ne fait pourtant que 70
kilomètres en 5 jours en auto, et j'ai néanmoins l'impression de ne pas
en avoir assez profité, c'est dire !
Je conseille toujours aux
voyageurs de prendre leur temps -c'est le principe du slow travel"-, sortir des sentiers battus,
prendre les routes de traverse et explorer à fond la région qu'ils ont choisi
de visiter. Pourquoi vouloir à tout prix visiter les 4 coins d'un pays qui fait parfois la taille de notre continent ?
Que pensez-vous d'un touriste qui vous dirait qu'il va "faire" la France en 12 jours en passant par Paris, Le Mont Saint-Michel, L'île de Ré, Bordeaux, Nice, Marseille, Lyon... ?
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Laguna Dudú |
Souvenez-vous
que c'est souvent c'est
la loi du plus grand nombre qui prime
; vous ne trouverez d'abord sur internet (ou sur les guides
touristiques)
que les plus grands centres
d'intérêt, qui de fait, deviennent les plus visités et se
retrouvent en tête de liste, et même si cela n'en fait pas des
immanquables, quel dommage de ne pas faire un pas de côté et
découvrir de petites pépites qui ne sont parfois qu'à quelques pas
de là…
à la seule condition de voyager lentement.
On
me demande parfois si je ne crains pas que mon blog participe à
rendre le tourisme massif dans notre région jusqu'ici préservée.
C'est la question que je me pose à chaque article que j'écris, à
chaque photo que je poste sur ma
page Facebook ou sur mon compte
Instagram : est-ce que je dévoile cette
plage
secrète, ce
petit bout de paradis ? Croyez-moi,
c'est un
terrible dilemme et je suis à chaque fois tiraillée
entre l'envie de partager un
coup de cœur, une émotion
suscitée par un paysage, une ambiance, un lieu, et le
désir
égoïste de le garder pour moi,
intacte et authentique.
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Les cabanes d'Arroyo Salado |
Ces
réflexions valent pour moi comme pour les locaux : les
commerçants, hôteliers et même les locaux ne rêvent souvent que
de développement touristique, synonyme d'une progression
économique… jusqu'au moment où cette même notoriété vient
détruire le paysage, l'atmosphère et même la vie locale… triste
paradoxe pourtant vérifié dans tous les lieux devenus touristiques.
Et l'on pleure un jour d'avoir participé à son essor.
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Laguna Azul |
Il existe en effet un point critique et éphémère entre la phase où un lieu est totalement sauvage et préservé (mais du coup "inhospitalier" parce qu'on n'y trouve pas les infrastructures permettant le tourisme), et la phase de développement extrême, qui fait -uniquement (?)- le bonheur des investisseurs financiers. Entre les deux, le moment où l'on voudrait arrêter le curseur du "développement touristique" dépend un peu de chacun de nous, il est personnel et peut-être même légitime.
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Case sur la route rurale de Cabrera |
Je peux vous assurer que dans mon village de Las Galeras,
les locaux ne rêvent que de maisons en béton, d'air climatisé et de néons blancs pour s'éclairer alors que nous autres "étrangers", ne désirons que de pouvoir continuer à voir les
petites cases en bois de palme colorées, éclairées aux ampoules d'antan... mais qui veut vraiment vivre sous un toit de tôle ondulée qui chauffe à blanc en plein été et laisse couler des gouttes d'eau par les trous lorsque les pluies sont torrentielles ?
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Coucher de soleil sur la cocoteraie |
Combien
de fois ai-je entendu des touristes dire qu'une plage était
superbe
mais "
sale" -je ne parle même pas des
détritus charriés par les rivières ou la mer, mais simplement des
palmes de cocotiers jonchant le sol après une tempête, les algues
et autres détritus végétaux- ?
Dites-vous bien qu'une
plage vierge EST SALE, oui, car il n'y a pas une
armée de balayeurs payés une misère qui vienne nettoyer chaque
matin -les détritus que notre humanité produit- avant que vous ne
veniez y poser vos serviettes. Et dites vous bien aussi que cette même
plage, le jour où elle sera bien propre… ne sera plus ce qu'elle
était. Le curseur sera tout à droite de l'échelle.
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El Saltadero de Cabrera |
Le
voyage n'est pas une course,
on ne "fait" pas un pays
comme beaucoup disent, et
le but selon moi n'est pas de mettre un
maximum de drapeaux sur une carte, c'est la conclusion à
laquelle je suis arrivée au terme de mes nombreux voyages "autour
du monde".
Je vous assure que vous serez ravis de
quadriller une petite portion d'un pays et y découvrirez
certainement des petits bijoux inexplorés. Mais
pour cela, il faut prendre son temps : c'est en cherchant…- OU
PAS-... que l'on trouve.
Et je vous le confirme, la République
dominicaine est pleine de trésors cachés à découvrir !

Vous
voulez partir à l'aventure ? Cherchez ce bout de carte où
vous
ne trouvez aucune information sur Google Maps, pas d'hôtel, pas
de restaurant…
C'est probablement LÀ que vous fabriquerez les
plus beaux souvenirs de votre voyage !
Alors
ce préambule pour justement expliquer que je me suis demandé ce que
j'allais bien pouvoir voir sur cet itinéraire à part la Lagune Dudú
et la Laguna Grigri dont on n'entend parler généralement que lors
de son 3ème ou 4ème voyage en République dominicaine. À en croire
les guides et ma recherche d'hôtels sur internet, il n'y
avais pas grand-chose à y faire ni à voir. C'est d'ailleurs bien ce
que l'on m'a dit : que vas-tu faire là-bas ? Il n'y a rien
à voir.
ET BIEN C'ÉTAIT FAUX !
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La Laguna Dudú |
L'on voudrait que le "hors des sentiers battus" ne devienne jamais le sentier battu et encore moins l'autoroute…
C'est le même principe que pour la sélection naturelle des espèces,
laissons dans leur parc d'attractions les touristes qui n'ont pas le temps,
pas la curiosité, pas l'envie de s'attarder, et réservons aux plus
aventureux le bonheur de découvrir les perles d'un pays pour en
préserver leur richesse.

Je
ne vous donnerai donc pas tous les noms des lieux que j'ai parcourus
pendant ce roadtrip, mais comme d'habitude, je renseignerai bien
volontiers ceux qui m'en feront la demande.
Bons voyages et bonne routes !
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Mon coup de coeur absolu pendant ce road trip, baignade en tenue d'Eve sur cette plage de rêve ! |